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Je suis trop gentil, pardonnez-moi

Dernière mise à jour : 23 mai 2019

« C'est de ta faute, tu es trop gentil », je ne compte même plus le nombre de fois où cette phrase m’a été adressée. Tout autant de fois où je ne l’ai jamais vraiment comprise. J’en saisi l’idée, cette façon de sous-entendre que je suis « trop bon, trop con » ou naïf. Pire, j’ai croisé des gens qui m’ont fait comprendre que j’étais faible à cause de cette gentillesse trop prononcée.


Pourtant, dire à quelqu’un qu’il est « trop gentil » et le lui reprocher est insensé. Comment est-ce possible d'être trop gentil ? Je ne comprends pas. On décale le problème sur ma gentillesse comme si j'avais tort d'être trop gentil, comme un défaut que les autres rendent culpabilisant par leurs remarques et leur volonté que je devrais changer ce comportement. Alors le fautif, c'est moi, je suis en tort, coupable d'être trop gentil. Les autres et la société m'ont jugé, encore une fois...


Comment s'extraire d'une culpabilité que les autres vous imposent lorsqu'elle provient d'un comportement pourtant essentiel à vos yeux ? Un comportement qui est justement la meilleure porte de sortie, peut-être même la seule, pour ne pas culpabiliser de n'avoir rien fait, de ne pas avoir aidé ou apporté quelque chose à l'autre. Comment font tous ces gens qui ne sont pas trop gentils pour vivre en paix avec eux-mêmes ?


Parce que, quoiqu'on en dise, il n'est pas possible d'être trop gentil. Gentil, soit on l'est, soit on ne l'est pas. Le véritable problème est chez les autres, tous ceux qui abusent de la gentillesse. Eux sont les coupables, eux devraient culpabiliser. Ce sont ces gens qui doivent changer. Il est là le bon sens, il n'y a pas de tort ou de culpabilité à être gentil, il y en a seulement chez ceux qui abusent de la gentillesse d'autrui.


Mais la plupart des gens n'ont aucune mauvaise conscience lorsqu'ils abusent, par contre moi, quoique je fasse, ma conscience en ressort tourmentée. Trop gentil, je suis une victime de ma propre naïveté aux yeux des autres, je dois me taire et ne jamais me plaindre... Pas assez gentil et c'est devant le miroir que je me juge moi-même. Peu importe, dans tous les cas, je me tais et j'assume, bon gré mal gré...


Et on veut que ce soit moi qui change... Parce que la mentalité des gens ne m'autorise pas à être trop gentil. C'est pourtant l'une de mes caractéristiques principales. Je suis contraint non seulement de la cacher mais, pire, je dois la combattre et, pour ceux qui la voient, je dois la corriger et m'améliorer. Combien ai-je croisé de personnes qui ont vu en moi quelqu'un de faible, d'influençable, de méprisables ? Beaucoup trop.


Et ce sont ces mêmes personnes qui, lorsqu'elles ont tenté d'exploiter ce qu'elles estimaient être une faiblesse, se sont pourtant heurtées à mes refus d'obtempérer. Car oui, il est possible d'être trop gentil et même naïf tout en étant capable d'être raisonnable et de comprendre que la gentillesse a des limites, souvent marquées par l'opposition à d'autres valeurs ou traits de caractère qui m'appartiennent.


Mais ces pseudo-fort, ces manipulateurs, souvent pris par un ego démesuré dont j'ai suscité la colère, vexé qu'un faible, un gentil, leur résiste, ne peuvent pas le comprendre. Pourquoi ? Par manque d'intelligence ? Par manque d'effort de réflexion ? Par lâcheté ? Par méchanceté ? Tout cela à la fois ? Nul ne sait, mais fort de ce constat, qui est le faible, qui est le fort ? Eux ou moi ?


Alors le mieux pour moi est de combattre ma propre gentillesse. Je dois acheter, une nouvelle fois, ma paix sociale au prix d'une trahison, cristallisée par ma culpabilité personnelle. Comment dire à un fort, qui vous croit faible, que c'est lui le faible ? Surtout s'il n'a pas la capacité de comprendre. Dire à quelqu'un dont l'égo est fort que non seulement, c'est un faible mais, lui passer le message qu'en plus, il n'est pas intelligent... Encore une fois mon silence me protégera. Et en attendant, pour avoir la paix, je m'excuse d'être trop gentil...



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