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Être surdoué ne se dit pas.

Depuis que j'ai été diagnostiqué "surdoué", j'ai ouvert les yeux sur des personnes silencieuses, qui me ressemblent mais que je ne voyais pas. Avant, j'aurais trouvé cela cool qu'on me dise "surdoué", ça aurait été une fierté, un trophée. Je m'imaginais que la vie devait être tellement plus facile quand on avait la capacité de "réfléchir et trouver les réponses sans se prendre la tête". Si loin de moi, toujours à gamberger et à douter.


Alors lorsque j'ai su que j'étais "surdoué", je me suis dit : "Alors c'est ça ? Toujours réfléchir sans répit, être constamment à fleur de peau, s'inquiéter de tout et de rien...". Depuis, je trouve cela moins cool. Au contraire, je préférerais presque ne pas l'être et pouvoir avoir des pauses. "Ça a l'air si bon d'en avoir rien à foutre" (Wyatt, "25 ans, surdoué : comment j'ai raté ma vie", konbini.com). Je paierais cher pour 30 secondes de vide total dans ma tête. Et puis, au delà de l’aspect personnel, il y a les autres et surtout leur jalousie. J'ai compris pourquoi ces personnes, qui me ressemblent, restent silencieuses. Être surdoué ne se dit pas... Cela m'a même été conseillé.


La jalousie, pour ma part, je crois qu'elle se trouve principalement dans la terminologie de ce qui nous décrit : "surdoué", "haut potentiel"...  Quand je dis que je suis "surdoué", beaucoup de gens vont entendre "Moi j'ai plein de points de QI, moi je suis intelligent". La jalousie, elle est là, elle est sur cette erreur d’interprétation qu'ils font et que j'ai moi-même réalisée jadis. Cette erreur qui fait qu'on ose pas ou plus en parler parce que ce qui est compris est à l'opposé de ce qu'on est, de ce qu'on voudrait expliquer. Et inévitablement, en cherchant à sortir de l'incompréhension, on s'y enfonce encore plus.


Personnellement, je sais combien j'ai obtenu au test mais je ne donne pas le chiffre exact à qui que ce soit, car, on s'en fiche au final... Ce n'est pas parce qu'on mesure 2 mètres qu'on est un expert du basket-ball. Me concernant, je suis bien embêté avec tous mes points de QI dont je ne sais quoi faire et que je porte plus comme un fardeau que comme un cadeau. Pire, j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur de moi-même, de ne pas utiliser ces points de QI à bon escient et donc de ne pas les mériter... Et pour l'intelligence, je ne suis jamais sûr de rien, je doute de tout, même de l'évidence. Si on me demande mon avis, ma réponse la plus courante est "je ne sais pas", et c'est vrai, je ne sais vraiment pas. Comment me penser intelligent dans ce cas ?


Par contre, j'ai rarement vu de la jalousie pour l'hypersensibilité. Du mépris, de l'incompréhension, ça oui, j'ai subi quand j'étais gamin, sans savoir qui j'étais... Adulte, ce n'est guère mieux mais c'est plus discret, plus sournois aussi. J'ai appris à pleurer "à l'intérieur", je pleure du soir au matin et personne ne le sait, je suis hypersensible... Mais justement pour éviter les moqueries, le mépris, le jugement, l'incompréhension, je garde un sourire de façade. J'ai choisi de passer pour un naïf heureux aux yeux des autres alors qu'en fait, je suis un écorché vif. Je cache qui je suis, je me tais sans rien laisser paraître.


Dire qu'on est surdoué, c'est se mettre à l'amende. C'est affronter les autres dans l'attente de connaître le forfait qu'ils vous feront payer. Et le prix s'avère extrêmement lourd et démesuré car il est quotidien. Je dois rembourser aux autres ce cadeau que la vie m'a fait mais qu'elle leur a refusé. Ils ne savent pas, ils ne comprennent pas qu'il s'agit là d'un cadeau empoisonné. Il l'est à cause de leur jalousie mais surtout, il l'est à l'intérieur de moi. C'est une condamnation pour la vie à ne jamais connaitre la paix intérieure. S'il y a bien un truc que tous ces gens jaloux semblent avoir que je n'ai pas, c'est l'accès à cette paix intérieure. Le cadeau, c'est eux qui l'ont eu. Et j'imagine que ça, ça n'a pas de prix.

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